L'alimentation durable : À quoi ressemblera notre assiette du futur ?
👋🏻 Bienvenue dans cette 10ème édition de Pinchos par Bloomr !
Pinchos, c’est la newsletter qui défriche l’écosystème impact d’un point de vue financier.
Notre newsletter est maintenant divisée en 2 :
1) Un état des lieux d’un secteur à impact (cette édition)
2) Ce même secteur sous un prisme financier (publié 2 semaines plus tard).
On a revu le format, on espère que ça vous plaira 😉
N’hésite pas à donner ton avis en commentaire !
P.S : si tu nous connais pas, Bloomr c’est l’agence de financements non-dilutif de l’écosystème à impact !
Temps de lecture : 11 minutes
Au programme :
Steak végétaux, insectes, algues : notre assiette change mais pourquoi ?
Une alimentation plus durable mais toujours aussi goûtue : la promesse de l’assiette de demain, produire mieux pour consommer autrement !
Quelques startups du secteur accompagnées par Bloomr
L’avis de l’écosystème : vocal de Grégoire Burgé de AgroParis Tech
Préambule :
Imaginez un peu : en 2050, nous serons près de 9,2 milliards à table pour le dîner mondial ! C'est comme si on ajoutait la population actuelle de la Chine et de l'Inde à notre tablée. Cette explosion démographique pose un sacré casse-tête pour notre système alimentaire. La demande en nourriture va grimper en flèche, surtout pour les protéines animales. On parle d'une augmentation de 50 à 100% ! Mais voilà, notre cuisine planétaire a ses limites. Les terres agricoles ne sont pas extensibles à l'infini, et les ressources en eau douce sont déjà sous pression. Alors selon vous, quel sera l'avenir de notre assiette avec une alimentation durable ? 🌿
I) Steak végétaux, insectes, algues : notre assiette change mais pourquoi ?
1) L’agriculture : 3ème émetteur de gaz à effet de serre
a) L’élevage : un bon steak, mais à quel prix pour notre planète ?
Je vous propose de directement rentrer dans le vif du sujet car la liste des enjeux est plus longue que ma bucketlist…Bref, en premier, j’appelleeee…. roulement de tambour….L'AGRICULTURE. Elle est responsable d'1/4 des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
L'élevage, en particulier, est un gros consommateur de ressources et un important émetteur de gaz à effet de serre.
Un kilo de bœuf, c'est environ 15 000 litres d'eau soit l'équivalent en émissions de CO2 d'un trajet de 70 km en voiture. On est loin du repas léger ! Pas de panique, les viandards, on ne vous demande pas de troquer votre steak contre une feuille de salade ! Mais restez quand même, on a déniché des alternatives aussi bonnes… et on est le pays de la gastronomie, après tout ! 🍽️🇫🇷
b) L214 : 18 plaintes et 6 condamnations dans les abattoirs français depuis 2007
Et au-delà de l'impact environnemental, il y a aussi la question des conditions animales, qui nous pousse à repenser notre consommation de viande. Plus la demande augmente, plus les scandales sanitaires et les mauvais traitements se multiplient, des associations comme L214 les dénoncent régulièrement. On peut aussi évoquer la polémique autour de la ferme des 1000 vaches, symbole des dérives de l’élevage intensif.
🐮 Pescetarien, végétarien, végan : vous êtes perdus ?
On en entend beaucoup parler, mais ils ne représentent qu’une poignée de la population (moins de 3%). Cependant, 53% des Français disent avoir diminué leur consommation de viande depuis 3 ans, selon un sondage pour le Réseau action climat. Parmi les raisons : le coût, la santé et le développement d’une conscience environnementale.
c) Déforestation aka “pousse toi d’là que je m’y mette”
C’est bien beau de cultiver des ressources mais, il nous faut de l’espace (et de plus en plus) !
Quoi de mieux que la déforestation pour créer de nouvelles terres agricoles ?
💚 Pourquoi les forêts sont les boss de la planète ?
✔ Immense biodiversité
✔ Régulent le cycle de l’eau
✔ Absorbent des quantités massives de CO2
Et si tu ne les respectes pas ?
➡️ Perte d’espèce animales et végétales
➡️ Perturbation des régimes de précipitations
➡️ Libération de GES qui aggravent le changement climatique
➡️ Réduit la fertilisation des terres
Comme tu peux le voir, l’agriculture est responsable d’une grande partie de la déforestation.
d) ”J’adore l’eau, dans 20/30 ans y’en aura plus”
C’est ce que disait notre cher JCVD qui était plutôt visionnaire ! Qui aime beaucoup l’eau aussi ?
L'agriculture !
Saviez vous qu’elle représente 70% de la consommation d’eau dans le monde ?
On sait que d’ici 2050, la demande en eau pourrait augmenter de 55 % à cause de l’agriculture, de l’industrie et de la croissance démographique.
Avec le changement climatique, les sécheresses seront plus fréquentes et intenses, rendant l’eau encore plus précieuse.
Justement, Arthur de Fayo nous a parlé du stress hydrique, aggravé par des cultures mal implantées, comme le maïs en PACA, où l’eau manque déjà.
Il est donc crucial d’adopter des pratiques agricoles plus durables et d’optimiser notre consommation avant que nos robinets ne se transforment en simples souvenirs.
En somme, notre assiette de demain devra jongler entre :
✅ Croissance démographique
✅ Limites planétaires
✅ Alimentation bonne pour la santé
✅ Bien-être animal
✅ Satisfaction de nos papilles
Impact de l'agriculture et de l'élevage, déforestation, rarification de l'eau...C'est un menu copieux en perspective pour les innovateurs de l'alimentation, mais aussi une opportunité fantastique pour créer un système alimentaire plus durable, plus équitable et plus savoureux. Bon appétit... et au travail !
2) Parlons un peu chiffres ?
La pandémie du Covid-19 a fait exploser la FoodTech en 2021 avec un afflux d’investissements (merci les livraisons de burgers à 23h). Depuis, le soufflé est un peu retombé… mais ne vous y trompez pas : le marché est toujours en pleine ébullition !
Quelques chiffres pour briller en dîner mondain (ou convaincre des investisseurs) :
🇫🇷 En France :
Marché global estimé à plus de 2 milliards d’euros investis en 2024
18% des investissements européens dans la foodtech (la France est sur le podium européen après l’Angleterre et l’Allemagne)
700 à 800 startups réinventent notre assiette
60% des startups dans la foodtech sont à impact.
🌍 À l’international :
Un marché pesant 211 milliards de dollars en 2024
Une projection de la taille du marché à 460 milliards de dollars d’ici 2034 avec un taux de croissance annuel composé de 8,2%
3) Le droit : l’arme fatale pour booster ou killer l’innovation
Ok, dit comme ça, ça parait être pas très fun cette partie mais on va faire de notre mieux pour la rendre lisible. Si ça t’intéresse pas, passe ton tour et scroll à la prochaine partie sur les solutions ⤵️
Dans un monde où certains produits interdits se retrouvent dans des alternatives végétales populaires, d’autres innovations validées par le Novelfood ont encore du mal à passer auprès des consommateurs, voyons voir de plus près ce qu’il se passe :
a) Des lois qui ouvrent des portes… parfois
🇫🇷
Loi Egalim (2019) : Toutes les cantines scolaires ont l’obligation de proposer au moins un menu végétarien hebdomadaire.
Loi AGEC (2021) : Elle oblige les industriels à réduire le gaspillage et favorise l’économie circulaire.
🇪🇺
Pacte Vert pour l’Europe (2019) : L'UE vise à réduire de 50 % le gaspillage alimentaire des distributeurs et consommateurs d'ici 2030.
Loi Novel Food (1997) : régule les nouveaux aliments (comme les insectes ou les algues) qui n'étaient pas consommés avant 1997. D’ailleurs, en 2024,L'UE a élargi son menu en ajoutant plus de 20 nouvelles espèces d'algues.
b) Prêt à rentrer dans l’arène ?
Une partie du combat des startups se placent sur le plan juridique, à coup de lobbying et de procès, les industriels essaient de lutter contre les petits nouveaux du secteur. Quelques exemples :
“Steak végétaux” : En octobre 2024, la Cour de justice de l'UE a jugé que l'interdiction française des termes "steak" ou "filet" pour les produits végétaux était contraire au droit communautaire.
Nitrites : La cour d'appel de Paris a annulé la condamnation de Yuka, estimant que sa pétition contre les nitrites dans la charcuterie relevait de la liberté d'expression et non d'un appel au boycott.
🪳Drama Time
La foodtech, c’est un marché tout neuf où les gouvernements jouent au yo-yo législatif. Vu qu’on aime le concret, on t’a concocté un cas d’étude : pas facile pour Jiminis, mais au moins ça leur donne des raisons d’avoir de l’espoir de mettre des insectes dans nos assiettes !
II) Une alimentation plus durable mais toujours aussi goûtue : produire mieux pour consommer autrement !
Disclaimer : dans cette partie, on va mentionne plusieurs boîtes, mais cette liste n’est pas exhaustive. N’hésite pas à suggérer d’autres noms en commentaire !
1) Vers une agriculture plus durable 🌿
a) Les circuits courts, hop tout le monde est réuni
Les circuits courts rapprochent producteurs et consommateurs, réduisent les coûts, les déchets et garantissent des produits frais. C’est un bon moyen pour les producteurs de mieux valoriser leur travail sans les intermédiaires.
💚 J’achète fermier : Installe des yaourteries chez les éleveurs pour des produits laitiers ultra-frais.
💚 Bene Bono : Supprime les intermédiaires, réduisant les coûts et les déchets.
💚 Nectargo : Fait le lien entre les producteurs locaux et les grandes surfaces.
b) Un coup de main pour semer le futur ?
Accompagner les agriculteurs dans leur transition écologique, c’est l’idée de trouver un juste équilibre entre production alimentaire et respect de l’environnement. Des solutions sur mesure permettent de passer à des pratiques agroécologiques sans compromettre la rentabilité.
🤝 Beyond Green : Aide les agriculteurs à transitionner vers le bio sans mettre en péril leur activité.
🤝 Feve : Aide à financer et à soutenir la création de fermes en agroécologie.
2) 🍽️ Une meilleure assiette, tout simplement
Les alternatives végétales transformées restent toujours populaires, mais une nouvelle tendance émerge désormais : celle des produits à base d’ingrédients naturels et peu transformés. Et c’est super parce que :
On conserve les nutriments essentiels
On soutient les pratiques agricoles + durables et respectueuses pour l’environnement
Et en vrai, c’est un peu relou de lire toute la liste d’ingrédients
En 2024, l’assiette du Français moyen a perdu, par rapport à il y a 50 ans, environ :
Pourtant, son poids a augmenté de 100g.
La cause ?
Des sols appauvris, des produits gorgés d’eau et des aliments comme les pâtes "3 minutes" faites à partir de blé de mauvaise qualité.🍝
Les campagnes de La Vie ou HappyVore dans le métro ou sur les réseaux sont un bon moyen de repenser notre alimentation. Mais ces alternatives soulevent un débat sur l'ultra-transformation.
Vaut-il mieux retrouver un goût ou consommer mieux ?
Remplacer un poulet industriel de mauvaise qualité par une fausse viande, est-ce vraiment la solution ? On ne tranche pas (on adore Heura ici), mais la question mérite réflexion.
🍄 Justement, nous avons échangé avec la fondatrice de Mycelium Technologies, qui développe une alternative végétale grâce à la fermentation du mycélium. Aussi protéiné que le poulet, riche en fibres, peu gras et bon pour le microbiote, il offre une option saine et peu transformée.
De plus en plus de marques se tournent vers des ingrédients naturels, avec des listes ultra-courtes, pour réinventer les saveurs et s’inviter dans l’assiette du Français moyen !
🍑 Nudj : Des produits simples, authentiques et naturels à base du fruit du Jacquier!
🫘 Fayo : Ils réintroduisent les légumineuses avec "le Lingot", un ingrédient bio, local et idéal pour remplacer la viande. Bonus : elles fertilisent naturellement les sols et sont moins gourmandes en eau.
Minute gustative : De la carotte en charcut’
🥕 Ave Racine, c’est la charcuterie qui troque le cochon pour des légumes ! Lors de notre entretien avec Jeremy, il nous a confié que selon lui "la viande perdra progressivement de sa place si les alternatives végétales deviennent aussi impressionnantes".
3)🧑🔧 La Foodtech au service de notre alimentation
a) Moins de viande, plus de prot’?
La foodtech repousse sans cesse les limites de l’innovation, voici quelques méthodes complètement locas ! Dans les échanges qu’on a pu avoir avec certaines startups citées dessous, on découvre des idées et des projets qui bousculent vraiment les codes de l’alimentation, alliant technologie, durabilité et créativité.
PAUSE: C'EST QUOI ÇA ?
Fermentation de précision 🪴
Ça consiste à utiliser des micro-organismes génétiquement modifiés pour produire des protéines et d'autres ingrédients, réduisant ainsi la dépendance aux ressources naturelles et l'impact environnemental.
Viande Cultivée 🥩
Production à partir de cellules d'animales sans avoir recours à l'élevage ou à l'abattage. Ça permet de créer de la viande avec la même texture et le même goût que celle traditionnelle, tout en réduisant l'empreinte écologique.
C’est fou, ces technologies reproduisent exactement les mêmes nutriments, grâce à la culture cellulaire, on obtient une source de protéines animales identique à celle qu’on connaît, mais avec une empreinte écologique radicalement réduite.
Et enfin j’appelle, nos amis les insectes : un peu flippant, mais super stylé pour les protéines ! Élevés sur des déchets alimentaires, ils offrent une solution ultra-efficace et durable, avec un impact minimal sur les ressources naturelles.
💚 Verley (ex Bon Vivant) : Ils utilisent la fermentation de précision pour créer des protéines alternatives.
💚 Vitameat : Ils développent de la viande cultivée à partir de cellules animales.
💚 Nutri'Earth : Cette startup transforme les déchets de fruits et légumes en nourriture pour ses insectes, créant des farines protéinées à faible empreinte écologique.
b) Les algues, la nouvelle star de l'assiette
Les algues sont excellentes pour l'environnement : elles poussent rapidement sans nécessiter de terres agricoles ni d'eau douce, et sont pleines de protéines, de vitamines et de minéraux. C’est une solution à la fois saine et durable pour l’avenir !
Funfact :
Les Japonais mangent entre 7 et 9 kg d'algues fraîches par an ? C’est l’équivalent de la laitue chez nous ! Un vrai trésor de santé, riche en vitamines et minéraux.
🍙 Quel est le point commun entre Green Fusyon et Zalg ?
Elles sont toutes les deux passées par l’incubateur de AgroParisTech 🤪
Ces startups développent des produits à base de macro-algues, spécialement adaptés aux goûts et habitudes alimentaires européennes. Leur objectif ? Rendre les algues savoureuses et faciles à intégrer au quotidien.
4) ♻️ Moins de déchets, plus d’efficacité
a) Réduire et réutiliser
Pour limiter la casse, on peut transformer les déchets alimentaires en compost, énergie ou nouveaux produits pour éviter leur gaspillage.
🗑️ La Tournée innove avec un système d’emballages réutilisables, réinventant la consigne et réduisant ainsi les déchets plastiques.
🗑️ Stokelp : aide les entreprises alimentaires à revendre leurs surplus de matières premières, réduisant ainsi le gaspillage.
b) L’IA au service de l’approvisionnement ?
Encore plus loin, l’intelligence artificielle révolutionne la gestion des stocks et la lutte contre le gaspillage. Grâce au Big Data, les entreprises peuvent mieux anticiper la demande et éviter les invendus. Résultat ? Moins de pertes et une chaîne d’approvisionnement plus efficace.
Cas client Bloomr du même secteur
Retrouve des entreprises du secteur qui ont fait une levée en fond non-dilutive avec Bloomr ⬇️
Envie d’en savoir plus ?
L’avis de l’écosystème
Et pour clôturer en beauté cette newsletter sur la foodtech, on a demandé à Grégoire Burgé d'AgroParisTech quelles innovations alimentaires pourraient bientôt révolutionner nos assiettes. Voici sa réponse !
En somme, la foodtech avance à une vitesse folle et notre manière de produire et consommer est en pleine transformation. Une chose est sûre : l’alimentation de demain sera plus durable, plus responsable… et tout aussi savoureuse !
Remerciements
Merci de nous avoir suivi dans cette 10e édition de Pinchos, ça vous a plus ? Dites le nous ! Ça ne vous à pas plus ? On veut bien entendre aussi !
À la prochaine dans votre boîte mail 💌
Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à cette étude à savoir :
Grégoire Burgé de AgroParisTech, Jeremy Emsellem de Ave Racine, Arthur Thuet de Fayo, Jacques de Montigny de GreenFusyon, Tanguy Gestin de Zalg, Stéphane Mac Millan de Verley (ex Bon Vivant) et Laetitia Pierazzi de Mycelium Technologies.
Au fait, je ne me suis pas présentée, moi c’est Elisa, et je reprends désormais les rênes de Pinchos. Un grand merci à Clara, avec qui j'ai travaillé en étroite collaboration. À très bientôt ! ;)