La mode de seconde main : nouvelle consommation ou hype éphémère ?
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La newsletter bi-mestrielle qui :
Défriche l’écosystème impact
Met en lumière des startups engagées en cours de levée de fonds
J’espère que ça vous plaira 😉
Temps de lecture : 15 minutes
Au programme :
La mode de seconde main : la combinaison du style et de la décarbonation
Investir dans la mode de seconde main en 2024 : génie ou lubie ?
Notre sélection de fashiontechs en levée
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Préambule :
Entre 2005 et 2019, la consommation mondiale de vêtements et de chaussures est passée de 74 milliards à plus de 130 milliards d’articles, merci à Oxfam de nous rappeler que nos armoires débordent.
Si l'industrie de la mode continue ainsi, elle pourrait utiliser, d'ici à 2050, plus de 26 % du budget carbone associé à l’objectif de réchauffement planétaire fixé à 2 degrés par l’accord de Paris (🥵). Alors oui, il faut baisser notre budget shopping pour notre portefeuille, mais surtout pour la planète.
Face à ce constat, la mode de seconde main apparaît comme l’une des solutions pour décarboner l’industrie textile. Cependant, la mode de seconde main est-elle réellement un nouveau mode de consommation ou est-ce une hype éphémère?
I- La mode de seconde main : la combinaison du style et de la décarbonation
A) La seconde main : pour qui ? pour quoi ?
"Mais non pas besoin de vêtements neufs, le vieux manteau troué de ton frère te va super bien!” Cette phrase vous rappelle des souvenirs ? Eh bien oui, déjà à l’époque, vous étiez consommateur de seconde main sans même le savoir !
La mode de seconde main c’est tous les vêtements et accessoires ayant déjà été utilisés qui sont remis sur le marché afin de promouvoir un modèle de consommation alternatif, circulaire, durable et économique. Cela regroupe l’industrie du réemploi, de la réparation, du recyclage et de l’upcycling.
Qui achète de la mode de seconde main et en quoi c’est cool ?
🥇 - La seconde main permet d’acheter des vêtements à petit prix
🥈 - Elle permet d’être stylé.es tout en consommant de manière écoresponsable
🥉- Elle permet d’avoir accès à des biens rares et de luxe
B) Le marché mondial de la mode de seconde main
Avant toute chose, bravo à celles et ceux qui ont trouvé les bons chiffres sur le marché de la mode de seconde main parce que nous, on a eu l’impression de jouer à la loterie. On vous a résumé le tout en schéma :

Comme on a eu du mal à trouver des chiffres qui collent entre eux, tous les chiffres cités dans cette partie s’appuient sur le rapport ThredUp. On vous fait le podium des champions de la seconde main :
1. L’Asie
🏆 Classement des marchés en 2023:
1- Chine ( 36 milliards de $)
2- Japon (14,4 milliards de $)
3- Corée du Sud (7,4 milliards de $)
💚 Motivations principales : attrait pour les biens rares et de luxe
🛍️ En janvier 2023, Vestiaire Collective a ouvert un stand éphémère de vêtements d’occasion de grandes coutures au Bon Marché à Paris.
2. L’Amérique du Nord
🏆 Classement des marchés en 2023:
1- États-Unis (44 milliards de $)
2- Canada (2 milliards de $)
💚 Motivations principales : motifs économiques, écologiques et intérêt pour la mode vintage des années 90
3. L’Europe & le Royaume-Uni
💡 Fun Fact : C’est en Europe, notamment en France et en Angleterre, que les premières friperies sont nées au Moyen Âge. À Paris, dès le XIXᵉ siècle, le Carreau du Temple devient un marché important de vêtements d’occasion, approvisionnant la ville et exportant vers d'autres régions et pays.
🏆 Classement des marchés en 2023:
1- Royaume Uni (16 milliards de $)
2- Allemagne (11 milliards de $)
3- France (6 milliards de $)
💚 Motivations principales : motifs économiques et écologiques
🌱 L’écologie est souvent l’une des motivations principales des entrepreneurs de la seconde main, ça a notamment été le cas pour les fondatrices de Wherewear, Reusses , Seconde Vague ou encore En Boucle !
4. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Océanie
🏆 Classement des marchés en 2023:
1- Brésil (3,6 milliards de $)
2- Australie (3,2 milliards de $)
3- Nigeria (1,5 milliards de $)
💚 Motivations principales : motifs économiques et écologiques
C) La seconde main : une révolution écologique et économique
L’industrie de la mode : la marrée noire de nos économies ?
Vous voulez une nouvelle qui fâche ? En 2023, l’’industrie textile dans le monde c’est :
2% à 8% des émissions de CO2 mondial selon l’ONU
20% de la pollution d’eau mondiale d’après le Parlement européen
On n’est pas les seuls à trouver que les industriels tirent un peu sur la corde, du coup les institutions ont décidé de sortir leur arsenal législatif pour réguler le secteur de la mode. On vous résume tout juste en dessous !
PS : Si vous trouvez la réglementation un peu barbante, vous pouvez directement passer à la partie suivante, mais si vous planifiez de vous lancer dans la seconde main, cette partie peut vous intéresser 👀
🇪🇺 Les législations européennes
1- Règlement REACH (2006) : contraint les fabricants à notifier la présence de substances potentiellement nocives dans les vêtements
2- Directive sur l’étiquetage des produits (2014) : impose une transparence sur l’étiquetage des produits, notamment sur la composition, l’origine, et leurs impacts environnementaux ou sociaux
3- La CSDDD (2023) : impose aux grandes entreprises des obligations de vigilance en matière de droits humains et d'environnement tout au long de leurs chaînes de valeur
🇫🇷 La French Touch réglementaire
1- Loi sur le devoir de vigilance (2017) : impose aux entreprises de plus de 5000 salarié.es de garantir que leurs chaînes d'approvisionnement respectent les droits de l’Homme et les normes environnementales
2- Loi AGEC (2021) : force l'industrie textile à adopter des pratiques plus durables, à améliorer la gestion de ses déchets et à promouvoir l'économie circulaire
3- Loi sur la fast fashion (2024) : vise à réduire l’impact de la fast-fashion notamment en leur interdisant la publicité, en les obligeant à publier des messages de sensibilisation et avec la mise en place d’un bonus/malus pour les industriels
La mode de seconde main : la solution magique pour dépolluer l’industrie textile ?
Vous le voyez venir ? Eh bien oui, la seconde main c’est une super solution pour participer individuellement à la décarbonation de l’industrie textile. Parce qu’une image vaut bien plus que 1000 mots :

En plus d’être moins polluante, la seconde main est en moyenne 70% moins chère qu’un vêtement neuf (y’a pas de petites économies, parole de shark de la finance).
🚨 Oups… on me dit dans l’oreillette que la seconde main c’est pas toujours super écolo… En effet, les chercheurs Park et Amstrong nous rappellent qu’en ayant le sentiment de consommer mieux et pour moins cher, les plateformes type Vinted renforcent la surconsommation.
Quand on sait que chaque seconde, 2,2 articles en moyenne changent de main sur Vinted on veut bien les croire !
Le neuf ça pollue, la seconde main aussi, on se met tous en tenue d’Adam et Eve ?
Alors non, on vous a plutôt concocté une checklist des bonnes pratiques à adopter lorsqu’on achète des vêtements :
✅ Acheter des vêtements seulement lorsqu’on en a besoin
✅ Réparer les vêtements usagés au lieu d’en racheter des neufs
✅ Privilégier de la seconde main de qualité au lieu de la fast-fashion
✅ Privilégier des textiles moins polluants (lin, chanvre, tissu biologique)
🇫🇷 Petit point cocorico : la France est le premier producteur mondial de lin, stylé non?
II- Investir dans la mode de seconde main en 2024 : génie ou lubie ?
A) Un recul des investissements au global
Mauvaise nouvelle dans 3,2,1… Selon la Banque de France, entre 2023 et 2024 :
76 start-ups françaises ont mis la clé sous la porte dont 53 au 1er semestre 2024
Les valeurs levées par les start-ups françaises ont diminué de 38%
Bon, dit comme ça, ça pue, mais ça nous semble important de nuancer ce constat.
Le rythme d’investissement tend à retourner vers celui des années pré-covid
Une hausse des faillites comme conséquence de la crise sanitaire
2 facteurs importants de cette crise :
Baisse des investissements et difficultés d’accès au financement suite à la hausse des taux d’intérêts de la BCE
Des difficultés de remboursement des PGE contractés durant les années covid dans un contexte économique instable et inflationniste
⚠️ Gardons en tête qu’entre 2023 et 2024, les start-up françaises c’est aussi:
+19% de chiffre d’affaires 🚀
+8% d’effectifs 📈
Et la seconde main dans tout ça ?
On vous l’accorde, ces temps-ci c’est pas la fête :
Barooders et Beebs ont été placés en redressement judiciaire et Wethenew recherche un repreneur
En 10 ans, c’est 37 000 emplois qui ont été supprimés dans le secteur de l’habillement
Mais 2024 c’est également l’année où Vinted est devenu rentable en réalisant un bénéfice de 17 millions d’euros sur 2023.
Alors oui, la seconde main plaît toujours c’est vraiment un nouveau mode de consommation comme nous l’a rappelé Camille Nédelec, fondatrice de Seconde Vague et plus juste une trend comme il y a 8 ans.
Et qui dit nouvelle consommation dit également nouveau marché !
Roulement de tambour…🥁 🥁 🥁
Il semble que ce nouveau marché et toutes les innovations qui en découlent soient plutôt appréciés par les investisseurs ! En 2024, les technologies liées à la durabilité et l’économie circulaire sont respectivement les 3ème et 5ème plus gros secteurs d’investissement en Europe.
B) Le relooking du secteur de la seconde main pour séduire les invests et les consommateurs
D’après le cabinet Accenture, le marché de la mode de seconde main française devrait passer de 6 milliards en 2023 à 14,2 milliards d’euros d’ici 2030, on veut bien croire que le secteur ai encore plus d’un tour dans son sac. On vous fait le récap des tendances constatées :
Une sectorisation du marché de la seconde main
La seconde main évolue, byebye les boutiques Emmaüs et bonjour les magasins spécialisés offrant une expérience client comparable à celle des grandes enseignes. Cette segmentation du marché ne passe pas inaperçue du côté des investisseurs, preuve ci-dessous :
1- La seconde main des offres généralistes
Les levées passées :
OMAJ - 2M d’euros en 2023 - dépôt-vente en ligne
Crush ON - 147K d’euros en 2020 - marketplace de mode de seconde main
2- La seconde main de luxe et de bijoux
Les levées passées :
Paradigme - 1,2M d’euros en 2024 - seconde main de luxe
58 facettes - 1,2M d’euros en 2023 - revente de bijoux de seconde main
Imparfaites - 3M d’euros en 2022 - plateforme de seconde main de vêtements et accessoires de luxe et vintage
Vestiaire Collective - 178M d’euros en 2021 - seconde main de luxe
3- La seconde main pour enfants
Les levées passées :
Beebs - 6M d’euros en 2023 - seconde main pour toute la famille
Smala - 4M d’euros en 2023 - seconde main pour enfants
By the way, Charlène Birmingham, fondatrice d’En boucle - service de location pour habiller vos enfants pour des occations - cherche un.e associé.e tech & marketing si ça vous intéresse!
4- Les services de location
Les levées passées :
Studio Paillette - 600k d’euros en 2023 - plateforme de location de vêtements
On a entendu dire que Wherewear se préparait à lever aussi… peut-être qu’on vous en dira plus à la fin de la newsletter, je dis ça je dis rien…. 🤫
Une diversification du secteur de la seconde main
D’après plusieurs professionnels du secteur, l’offre de seconde main traditionnelle doit se réinventer pour devenir une offre plus globale englobant des services de reprise, réparation et gestion du SAV. Eh bien, figurez-vous que les invests sont plutôt d’accord avec ça !
On constate un essor des investissements dans les projets permettant l’amélioration de la mise en place, de la vente et de l’après-vente de la seconde main :
1- Les plateformes SaaS gérant la mise en place d’une offre de seconde main chez leurs clients
Les coups de 💜 des invests :
Origami marketplace - levée de 2M d’euros en 2023 - Plateforme Saas pour l’e-commerce et la seconde main
Faume - levée de 7M d’euros en 2022 - Solution technique et logistique spécialisée dans la mise en place de la seconde main
2- Les plateformes de réparation et d’entretien (le care)
Les coups de 💜 des invests :
Prolong - levée de 1,5M d’euros en 2024 - Plateforme de gestion de l’entretien et de la réparation après-vente
Tilli - levée de 1,2M d’euros en 2022 - Service offrant des solutions care and repair à tous les acteurs du marché, qu'il s'agisse de clients individuels, de partenaires commerciaux ou d'artisans (on nous dit en backstage que la startup est à nouveau en roadshow)
3- Les solutions pour optimiser la logistique des enseignes
Les coups de 💜 des invests :
Reverse.io - levée de 5.8M en 2017 et 1,5M d’euros en 2023 - Plateforme logistique d’après-vente
Lizee - levée de 9M en 2023 - Plateforme logistique pour les produits de seconde main et de location
4- Les solutions permettant la traçabilité des produits
Les coups de 💜 des invests :
Waro - levée de 1M d’euros en 2023 - Mesure l’impact environnemental des produits textiles
Trace for Good - levée de 400k d’euros en 2022 - Plateforme permettant d’accroître la transparence des chaines de valeurs
Fairlymade - levée de 5M d’euros en 2022 - Permet de tracer, mesurer et améliorer l’impact des produits textiles
Vous l’aurez compris, la seconde main se positionne comme un concurrent de taille de la mode traditionnelle. En effet, la seconde main séduit de plus en plus les consommateurs, les consommatrices et les investisseurs voient de plus en plus d’opportunités autour du secteur de la seconde main.
Mais maintenant qu’on voit toutes ces offres, faudrait peut-être comprendre comment les entreprises de la seconde main se financent… Peut-être qu’on vous prévoit quelque chose… 🤫
Notre sélection des entreprises de la fashiontech en levée
Dans cette septième édition de Pinchos, nous sommes ravis de vous présenter 3 pépites en cours de levée de fonds.
Si l’une d’entre elles attire votre attention (nous l’espérons !) n’hésitez pas à les contacter directement pour obtenir plus d’infos.
D’ailleurs pour voir les levées en cours sur les anciennes thématiques, contactez 👉angeline@bloomr.tech !
Activité : Wherewear est une plateforme de location de mode entre particuliers, inspirée du partage de vêtements entre amies. Elle permet aux utilisatrices de rentabiliser leurs pièces en les louant et d'accéder à une variété d’articles pour des occasions spéciales ou des explorations de style. En collaborant avec de jeunes créateurs français, Wherewear propose également des prototypes et stocks dormants, offrant des créations uniques.
Date de création : 2022Business model : 👀
Montant de la levée visée : 👀
Principaux ODD auxquels vient répondre la startup :
ODD n°12: Consommation et production durables
KPIs financiers : 👀
Impact : 👀
Contact : 👀
Activité : Reusses vous permet de trouver une vendeuse experte disponible à proximité de chez vous pour venir récupérer les vêtements que vous ne portez plus et pour les vendre à votre place. Le tout via une application mobile ou un site internet.
Date de création : 2021Business model : 👀
Montant de la levée visée : 👀
Principaux ODD auxquels vient répondre la startup :
ODD n°1: Pas de pauvreté
ODD n°8: Travail décent et croissance économique
ODD n°12: Consommation et production responsable
KPIs financiers : 👀
Impact : 👀
Contact : 👀
Activité : Slöer propose une solution innovante pour optimiser chaque produit fabriqué via une identité digitale brevetée sous forme de QR code. Ce code permet aux clients de réparer, recycler, tracer et revendre leur article en un clic, prolongeant ainsi sa durée de vie et ouvrant de nouvelles opportunités économiques circulaires pour les marques. En prévision du règlement du passeport numérique des produits (DPP) prévu en 2027 par le pacte européen, Slöer répond également à un besoin réglementaire émergent.
Date de création : 2022Business model : 👀
Montant de la levée visée : 👀
Principaux ODD auxquels vient répondre la startup :
ODD n°12: Consommation et production responsable
ODD n°13: Mesure relative à la lutte contre les changements climatiques
KPIs financiers : 👀
Impact : 👀
Contact : 👀
Merci de nous avoir suivi dans cette 7e édition de Pinchos, ça vous a plus ? Dites le nous ! Ça ne vous à pas plus ? On veut bien entendre aussi !
À la prochaine dans votre boîte mail 💌
Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à cette étude à savoir :
Victoire Tassin et Yasmine Brunet de Wherewear, Charlène Birmingham d’En Boucle, Camille Nédelec de Seconde Vague, Céleste Coez Blanchard de Reusses, Elodie Laleous de Sloër, Marjorie Biawa consultante retail experte seconde main, Hatem Sedkaoui consultant retail/ textile et Business Angel, Thibaut Ledunois de la FPPF, Maxime Labat de La Virgule, Beryl de Labouchere de Tilli, Marie Dufau de Loomi, Yoobin Jung de chez Plug and Play , Juliette Lelievre de chez AFI Venture, Marion Chanéac de chez Alter Equity
Juliette et Alexandra de l'équipe Bloomr 💜